On se surprend souvent à dire « je t’aime » ; et l’autre est un miroir, et l’autre est un reflet. On cherche à panser les plaies en appliquant de la pommade là où le cœur en a besoin ; à se soulager soi-même en guérissant l’autre.

Pourtant, l’autre n’est qu’une image projetée ; et soi-même, on n’est qu’un fragment d’illusion, une surface lisse et limpide qui prend forme dans la lumière diffractée. L’amour n’est pas un flux qui se dirige et qui s’étale, comme une pommade, sur ce qui crée la douleur ou ce que crie la souffrance. C’est une force qui jamais ne s’épuise et s’expand sans fin. C’est une action continue, éternelle, qui est partout à la fois et qui pourtant, merveille d’aurore ! se dilate encore, continue de remplir ce qui est déjà plein, et fait de la lumière de la Lumière encore. C’est un mouvement perpétuellement renouvelé, qui glisse sur l’horizon et s’étend sans décroître.

C’est évidemment « je t’aime », « je m’aime » et « je nous aime » ; mais c’est avant tout « j’aime ! », et l’appel silencieux, et l’offrande inclusive ! Comme un cri du cœur adressé au Grand Un, comme un astre de lumière infinie dont les rayons de conscience et d’amour éclairent plus encore ce qui scintille déjà. C’est. Jusque dans la plus infime particule divine, jusque dans les néants les plus dissolus. C’est : partout, absolument, essentiellement, intégralement. C’est. Et, déjà, la vie manifestée se met à chanter à l’unisson ; et le souffle sacré, et Son regard, et Sa voix. Et, plus au fond, ces quelques mots qui demeurent.

« C’est. »