« C’est aux absents que s’adresse la poésie. »
Ça tombe bien ; qu’y a-t-il de plus absent dans ma vie que toi, depuis notre dernier départ ?
Tu es partie ; et moi, laissé sur le pas de ma porte, seul. Je me souviens de l’attente, et les attaches molles, extensibles, douces et sadiques – le creux ne s’emplit plus, et la laisse embarrassante – nous nous étions embrassés, là.
Dès les premières secondes, il y a comme une éternité de souffrance – la certitude, désenchantée, que tu ne reviendras pas.
Pourtant, je m’acharne et je m’épuise –
je tire sur la corde que l’on s’était mise, le fil déjà tendu.
Je me perds en moi-même, je t’appelle en silence
– en un mot :
errance.
***
Le navire crépusculaire est venu me chercher.
Dans nos brumes passées, j’ai hissé la grand voile quand la nuit se couchait.
***
Il fait jour à présent, et la fraîcheur du soleil côtoie ta silhouette chassée. Peut-être t’es-tu déguisée, et je te sens
absente
tu ne m’apparais plus.
T’es-tu maquillée, méconnaissable, en ce petit bout de gravier caché parmi les siens – parmi les miens, parmi les liens, parmi les riens ?
C’est de l’invisible confus.
Alors je fais des allers-retours, je te cherche un peu parfois ; et je rouvre cette boite où sont cachés tous nos souvenirs. Un à un, je découvre ces fragments de passé qui me reviennent en mémoire. Le linceul ne se suffit plus : je revois nos pas
conjugués
sur le sol de la vie.
Sous les vestiges, je nous déplie et je te dénoue.
***
Je ne pensais pas te le demander, ça, un jour : aimes-tu toujours ?
***
Je l’accepte, aussi, ça : tu n’es plus là.
Pourtant, quand je revois tout ce bric à brac de babioles amassées, ces reliques poussiéreuses du temps qui tait –
souvenirs entreposés de nos amours partagés, lettres-mirage de nos futurs supposés –
je te devine.
Plus que jamais, là, quelque part, ta présence.
Soupir printanier ; matin d’automne.
Et quoi ?! Les images que j’ai de toi se dessèchent peu à peu, perdent de leur force et de leur intensité. Près de quatre ans de vie commune, c’est déjà beaucoup, pour nos vies courtes et indomptables. Mais rien ne l’empêche plus : les contours s’estompent, et je nous redessine autres que nous-mêmes.
Pourtant, il nous restera ça : ces petits fragments de ce « nous » encore vivace, rangés çà et là dans notre Boîte à Trésors.
Même dénoués, il y a des instants qui dureront le temps de nos vies.
Très beau Maël…
Merci !
Sources d’inspiration : Marielle Macé, Fabien Marsais, Dominique Fourcade (et sûrement d’autres dont je n’ai pas conscience…)
Superbe! Merci pour ce beau texte et j’adore comme tu ecris! Bisousssss
Merci à toi pour ce commentaire ! Bisous !