Il y a là ce ciel aux allures étonnantes, ces spirales de brume, ces parterres de coton ; et cette lueur azurée, ses versants mystiques : presque nu, l’enchantement.
L’Invisible est là, comme une chape de poussière translucide, comme une bourrasque libératrice et pourtant immobile, comme une ombre coulée dans un alliage de photons. Peut-être que c’est ça, en fait, la vie : ce petit rien intangible et impalpable qu’on croit effleurer parfois, et qui pourtant nous embrasse à chaque instant, qui caresse même la plus infime de nos particules d’être, qui émerge et s’élance dans chacune de nos pensées, dans chacun de nos silences.
Je dois dire que j’aime cet état de grâce.
Je ressens Sa présence dans mon dos, sous mes seins, sur mes pieds ; et mon souffle est habité, et je La respire, et je te respire à travers Elle.
Tu sais, quelque part, je me souviens. Je me souviens t’avoir cherché, les yeux ouverts et pourtant impénétrables. Je me souviens de ton odeur, déguisée dans le parfum de ces fleurs. Je me souviens de ta voix, et ton époux, le chant du vent.
En fait, j’avais le regard voilé, la cataracte de celui qui prétend ne pas savoir. L’évidence est pourtant là à qui sait la voir : tu es dans le nuage qui crée l’ombre du monde autant qu’en ce soleil adulé des aurores. Tu es l’émerveillement de celui-là qui te perçoit, te ressent ; mais également l’absence de ceux qui t’ont perdu, te cherchent encore. Les abysses même parfois ; tu te montres toujours dans ce que tu as d’unique : l’Univers est en toi.
Et nous voilà transportés à bord de la nef étoilée, de la brindille, de ce petit rien, ce vide empreint : tu es en moi, je suis en toi.
Subtile simplicité, unité dansante : le Vent se lève sur nos matins.