Tu traverses ma vie sans prévenir – et ta silhouette, les plis de robe, ton sourire. Un bouquet de boucles d’or cueillies à l’orée du bois : un éclat fugace, à nu, pour que la lumière passe et se fasse, pour que rien ne s’efface, que tout perdure dans la douceur de ce regard que je porte sur toi.
Te revoir, c’est me souvenir que je ne sais pas être pleinement complet – un élan pour remplir ou pour conjuguer. Un peu d’amour en miettes, éparpillé pour nourrir les colombes.
L’amour n’a pas de tombe, pas d’épitaphe. Rien ne reste, tout traverse. Pourtant, ton absence se creuse en moi comme on enterre un macchabée – puis un clignement de tes paupières et le cadavre s’est relevé, la crinière fleurie. La lumière se fait sur ce qui rampe dans l’ombre : quelques chimères misérables qui s’accrochent encore à quelque chose pour exister, ne pas disparaître dans le non-être.
Tous, on crie pour exister – juste un peu, pour poser le pas à plat, pour laisser une empreinte sur le sol encore frais de nos larmes versées. « Je n’ai jamais eu le droit de vivre », tu disais.
Derrière toutes les choses du monde, il y a toujours un peu de vie agrippée, tenue par des mains potelées qui serrent fort par peur de s’évanouir, de perdre pied.
Vivre, c’est accepter de mourir – pour mieux renaître, peut-être, qui sait ?
C’est en tout cas ce que prétend ton sourire.
Crédits d'image : Maël Shanti, 2017