Un ange noir de plumes vêtu passe par la fenêtre. Notre vie, c’est toujours ça : une fenêtre ouverte sur le monde, qui se laisse surprendre par ce qui, immobile, bat à la mesure de nos manques.
Aujourd’hui, ma fenêtre donne sur le plein : quelques cocotiers bercés par le chant du vent, des corbeaux par nuées, les ombres dansantes du soleil couchant. Et les vagues, les vagues par milliers, qui pleuvent sur le monde leur symphonique enchantée – tu approches au loin, un sourire aux lèvres et de bourrasques coiffée, pour m’offrir un bouquet de coquillages imaginaires. C’est dans ces coquillages-là qu’il y a le plus de beauté, et le présage d’un amour qui libère. C’est dans ce qui se soustrait à nos regards que se forment les plus beaux paysages, ceux qui n’ont pas besoin de fenêtres pour être vus ou contemplés, pas besoin de fenêtres pour exister.